Je les ai d'abord prévenu: "veuillez excuser mon accent" (mais ils disent qu'il le trouve sexy!) et mes hésitations quand je parle anglais"
Nous allons faire une promenade dans l'époque Coloniale, je vais parler de quelques hommes présents dans la galerie.
Et dès que je suis entrée dans la galerie avec mon groupe, Il m'a semble qu'Alfonso Albuquerque me prenait par les épaules, tout d'un coup j'étais à l'aise, je me suis sentie bien, l'anglais est venu tout seul, sans effort. Albuquerque était un formidable marin, navigateur, et découvreur, on l'appelait le César de l'Est. A la recherche de la route des épices, il savait que Malacca, au sud ouest de la péninsule malaise serait une base sure pour abriter la flotte et le commerce du Roi du Portugal.
En 1511, il s'est battu contre le Sultan Mahmud Shah et son armée d'élephants de guerre pour prendre Malacca. Il a construit une forteresse, puis est parti découvrir les iles Moluques, porteuses de poivre, muscade, clou de girofle, canelle, anis étoilé.
J'ai laissé mon copain Albuquerque pour avancer un peu dans la galerie, nous nous sommes arrêtés devant la vitrine du Nassau. En 1606, Cornelius Matelieff de Jonge, pour le compte des Pays Bas, essaie à son tour de s'emparer de Malacca, pour les mêmes raisons: les épices. Un kilog de poivre valait à l'époque un kilog d'or. C'est ici que s'est déroulé cette terrible bataille navale dont j'ai parlé dans le premier billet sur le musée, la bataille de Tanjung Tuan. Les chercheurs d'épaves, commandités par le musée ont retrouvé les canons éclatés du Nassau, et le fond de la mer jonché de boulets. Mais les Hollandais ont pu prendre Malacca seulement en 1641 apres avoir affamé la population, qui est passée de 20000 a 3000 habitants. Pas très sympathiques Matelieff et ses potes...
Les Hollandais étaient très jaloux de leur zone d'influence et n'admettaient aucune interference d'une autre puissance étrangere.
Pourtant les Britaniques, bien implantés en Inde, étaient eux aussi à la recherche d'une base pour leurs navires marchands et leur flotte Royale. Un type sympa, Francis Light a fait un deal avec le Sultan du Kedah: "Tu me prêtes ton ile de Penang, et nous les British avec notre Compagnie des Indes de l'Est, on te vient en aide contre le roi de Siam à qui tu dois allégeance et qui t'embete."
L'ile etait un peu trop au nord du detroit, mais possedait de l'eau et des fruits en abondance.
Il fallait défricher. Alors Francis Light a fait envoyer, d'un canon à bord de son navire, une salve de pieces d'argent dans la jungle dans un endroit bien abrité de l'ile. Et l'emplacement du futur Fort Cornwallis a été tres vite nettoyé.
Et quand le Sultan a eu besoin de l'aide des Britanniques, ils ne sont pas venus!
Voila le beau James Brooke, le Rajah Blanc c'est une très longue et belle histoire, au 19 ème siecle il a presque "civilisé" un joli coin de la terre qui s'appelle Sarawak, il a nettoyé les cotes des terribles pirates qui sévissaient dans le coin, et essayé, tant bien que mal d'empecher les Dayaks de jouer à leur jeu favori: coupeur de tete. Meme après lui et son succeseur, son neveu, les Dayaks ont continuer longtemps à jouer à couper les tetes.
J'étais contente de moi, je n'hésitais pas, pas de euh, pas de err... je me sentais bien, les hommes dont je parlais étaient présents à tour de role, avec moi, je connaissais leur vie, mais n'avais rien appris par coeur je racontais juste ce qui me faisait envie.Après le beau Rajah Blanc, en avancant un peu plus loin, j'ai voulu parler du pauvre coolie, il est aussi présent dans la galerie. Il etait là pour l'exploitation des mines d'étain qui étaient très demandeuses de main-d'oeuvre. Le travail etait très dur, épuisant. La température infernale, le soleil, la pluie, les orages les moustiques, la dengue et la malaria avaient vite raison de ses maigres forces. Pour survivre, il avait souvent recours à la pipe à opium, du coup, son salaire, payé une fois l'an au Nouvel An Chinois fondait aussi vite que l'étain à la fonderie.
Et puis voila les vilains, ils ont debarqués le 8 decembre 1941, quelques heures seulement avant Pearl Harbour et ont envahis la péninsule à vélo, en un mois, ils étaient arrivés à Singapour. L'horreur de l'occupation est toujours très présente dans la population, encore aujourd'hui. Ils ont été les derniers colonisateurs de Malaya.
J'aurai même bien continué à parler de "mes" hommes, je n'avais pas de stress, je me sentais à l'aise, j'ai fait rire mon auditoire, et puis j'avais terminé.
J'ai passé mes trois auditions. Bientot je serai guide officiel du musée, et là, commencera une autre aventure, car il faudra présenter les quatre galeries, et je suis bien consciente que je ne sais pas encore assez de choses pour raconter à mes touristes la vie de la Malaisie.